mardi 28 août 2012

cagoulées de rose

Cela a commencé comme ça dans une église de Moscou le 21 février 2012 :


 
 

Puis, trois des chanteuses du collectif Pussy Riot,( Пусси Райот ) :  Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 30 ans, et Maria Alekhina, 24 ans ont été arrêtées, jugées et condamnées le 17 août dernier à deux ans de camp pour cette "prière " anti-Poutine dans l'église du Christ-Saint-Sauveur de Moscou.

 
L'Eglise orthodoxe à travers les paroles du patriarche Kirill et de son porte-parole Tchapline les a accusées avec des mots d'un autre temps, d'un autre monde : "sacrilège,  délit de blasphème pire qu'un meurtre".
 
Nadejda Tolokonnikova
 
 
 
 
Maria Alekhina
 
Yekaterina Samutsevich





Les deux autres chanteuses recherchées par la police russe ont quitté le pays.


Dans un commentaire à un mur ami sur facebook, j'avais écrit il y a quelques temps :
 "Nous sommes toutes des Pussy Riot!"
 
Depuis, le magazine "Elle" a titré : "Toutes des Pussy Riot"et Libé : "Nous sommes tous des Pussy Riot". Personellement, je tiens à ma déclaration initiale : 
 
"Nous sommes toutes des Pussy Riot !"
 
Et si pour une fois, on laissait faire l'accord grammatical du féminin qui l'emporterait sur le masculin ?
 
Les chanteurs de la scène française se sont fait bien discrets sur cette affaire... torpeur estivale ?
Enfin, Jeanne Chéral a brisé le silence. 

dimanche 5 août 2012

The Ballad of Sexual Dependancy

Pour moi, la photographie est le contraire du détachement. C’est une façon de toucher l’autre : c’est une caresse." Nan Goldin


Nancy and Brian in bed 1983


Cookie and Vittorio's wedding 1988

Nan Goldin : photographe américaine, née en 1953.

"The Ballad of Sexual Dependancy  1979-2004 "est un slide-show de 640 vues.
 Une installation prenant la forme d'un  rassemblement de photos prises pour la plupart dans le Bowery new-yorkais.


Elle photographie ses amis, ses amants, ses proches qui évoluent dans le milieu musical post- punk entre les années 80 et 90, en cassant les codes d'une esthétique de la marginalité qui prévalait encore avant elle.
Clichés bruts, pris avec flash, révélant la luisance des peaux, le flou des  mouvements imprévisibles, les couleurs saturées,  le choix du mal cadré .
 Des hommes des femmes, ensemble ou seuls. Ensemble et seuls.






On fume, on se drogue, on boit, on fait l'amour.

Sur exposition, sous-exposition... tirages bas de gamme.



Ryan in,the tub, 1988




Comme un avant- goût des photos numériques prises à la volée en regardant à peine son sujet .



Un désir de rendre-compte de la brutalité amoureuse, de la violence des passions, des ruptures, des coups.
 L'agonie et la mort sont montrées sans fausse pudeur étrangement mêlées aux pratiques sexuelles, proches de la douleur et d'une poignante tristesse.




Gotcho kissing Gilles ,1993


 Nan after being battered ,1984
La précision sociologique avec laquelle elle a travaillé ,donnent une valeur documentaire à ses clichés qui, à mesure que ces années 80 et 90 entrent dans l'Histoire, gagnent en puissance.


Variety booth, 1983





Suzanne crying, 1985 



Quelque chose qui rappelle le travail de Larry Clark


jeudi 26 janvier 2012

rencontres subversives

... Dans la nuit bleu lavasse de sa paire de Levis...





C'est Bashung qui chante Gainsbourg ....





Il y a la composition de Gainsbourg
Il y a la voix de Bashung
Il y a le graphisme ravageur de cette video :
Trois couleurs : je pense aux dessins d'Aubrey Beardsley dans le Salomé d'Oscar Wilde



Je pense à Guido Crepax...





Je pense une rencontre entre le surréalisme et le pop art

Un univers  coulant des veines Max Ernst, et Leonora Carrington quand ils étaient amants







Max Ernst : le jardin de la France, 1962



Max Ernst : la toilette de la mariée, 1940




Un bestiaire onirique...

Carrington : autoportrait


Sans oublier Alice...



 Alors ... dans la nuit bleu pétrole de ma paire de Levis, m'évertuant à faire des volutes de sèches au menthol... J'écoute... les variations sur Marilou chantées par Bashung.








dimanche 1 janvier 2012

Made in USA

... par Dorothy Parker avec cette peinture au vitriol de la condition féminine aux USA.
Je viens de relire le livre....
Dorothy commença en 1916 à apporter au magazine Vanity Fair de cruelles petites chroniques en vers. Celles-ci , une fois réunies deviendront les Hymnes à la haine.

C'est caustique, énorme, cru, aussi dérangeant que les peintures de Maupassant.

Extrait de Hymnes à la haine (Hate Verses), ici dans la traduction de Patrick Reumau :

"Je hais les Femmes :
Elles me portent

sur les nerfs.

Il y a les Femmes d'Intérieur...
Ce sont les pires.
Chaque instant est ficelé de bonheur.
Elles respirent avec méthode
Et pour l'éternité se hâtent à grand pas vers la maison
Où il faut surveiller le dîner...




Il y a aussi les Douces
Qui disent avec un tendre sourire « L'argent ne fait pas le bonheur »
Et ne cessent de me faire admirer leur robe
En me confiant : « Je l'ai faite moi-même »...
Et vont épluchant les pages féminines des magazines ;
Toujours à essayer de nouvelles recettes...
Ah, que je les hais, ces sortes de femmes !

Et puis il y a les Petites Fleurs Sensibles.
Les Pelotes de Nerfs...
Elles ne ressemblent pas aux autres et ne se privent pas
De vous le rappeler.
Il y a toujours quelqu'un pour froisser leurs sentiments,
Tout les blesse... très profondément,
Elles ont toujours la larme à l'œil...
Ce qu'elles peuvent m'enquiquiner, celles-là, à ne parler jamais
Que des choses réelles,
Des choses qui importent vraiment.
Oui, elles savent qu'elles aussi pourraient écrire...
Les conventions les étouffent :
Elles n'ont qu'une seule idée, partir...partir loin de tout !
Et moi je prie le Ciel : oui, qu'elles foutent le camp !

Et puis, il y a celles qui ont toujours des ennuis.
Toujours.
En général avec leur Mari...
On est injuste avec elles,
Personne jamais ne les comprend, ces femmes.
Elles arborent un petit sourire désenchanté
Et quand on leur parle elles sursautent.
Elles commencent par vous dire que leur lot est de souffrir
En silence :
Personne ne saura jamais...
Et en avant le déballage...

Et puis, il y a les Madame-Je- Sais-Tout.
Elles sont la peste !
Elles savent tout ce qui de par le monde arrive
Et sont au régal de vous en informer.
Il est de leur devoir de corriger les impressions fausses,
Elles connaissent les dates de naissance, les second prénoms
De tout un chacun
Et leur être sue la banalité factuelle.
Pour moi, elles sont l'Ennui !

Il y a aussi celles qui s'avouent Incapables de deviner
Pourquoi tant d'hommes sont fous d'elles !
Elles vous disent qu'elles ont essayé mais en vain.
Elles vous parlent du mari d'une telle :
Ce qu'il a dit
Et sur quel ton...
Ensuite elles soupirent et demandent :
« Chérie, en quoi cela d'ailleurs me concerne-t-il ? »
Ne les détestez-vous pas, celles-là, vous aussi ?

Il y a enfin celles qui ont toujours le sourire aux lèvres.
Elles ne sont pas mariées,
Passent leur temps à distribuer de menus cadeaux,
A préparer de petites surprises,
Elles me conseillent de prendre, comme elles, les choses
Du bon côté.
Ah, que deviendraient- elles si elles venaient à perdre leur sens
De l'humour ?...
Et moi qui brûle de les étrangler !...
N'importe quel jury m'acquitterait.

Je hais les Femmes :
Elles me portent sur les nerfs."

Une écriture assassine :
Dorothy Parker dénonçait déjà au début du XXème siècle ici l’impossibilité d’un rapport vrai entre les sexes, chacun se croyant tenu par la morale les contraintes sociales et la respectabilité, de se conformer à une sorte de caricature de lui-même.


Thème récurrent dans le cinéma américain et sujet radiographié aujourd'hui dans le phénomène " Desperate Housewives", puis dans un autre genre avec "Mad men".

On est bien loin d'Edith Wharton .
J'ai envie de mettre cet "Hymne à la Haine" en regard avec deux personnages de films américains sortis en 2003 : "The Hours" de Stephen Daldry et "Loin du paradis" de Todd Haynes. Deux rôles tenus par Julianne Moore :

Laura Brown dans "The Hours" :







et Cathy Whitaker dans "Loin du Paradis".








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