dimanche 28 juin 2009

Anatole for ever !

La nouvelle campagne publicitaire de Dior pour l'Eau Sauvage.

Avec une photo d'Alain Delon datant de 1966, la Maison Dior enrichit encore une fois la galerie de portraits de ses égéries masculines pour le retour, à l'approche de l'été je suppose, de ce parfum masculin devenu un grand classique. Frais, boisé hespéridé... au moment de sa création, il entrait en rupture avec les Eaux de Cologne habituelles, moins délicates plus brutes et souvent trempées d'agrumes.
Alain Delon photographié par Jean-Marie Périer incarne ici une virilité subtile, féline, j'allais dire "vénéneuse" et une jeunesse qui traverse le temps, comme cette eau qui, précisément, fut lancée cette année-là.



Un mythe en appelle un autre. L'expression de Delon, sa posture renvoient aux photos de James Dean à l'époque glorieuse de l'Actor's Studio, même si la retouche d'image est passée par là et a gommé une cigarette malvenue aujourd'hui.

Dans l'épreuve retenue, le choix du noir et blanc apporte une touche sobre "so class", un clin d'oeil voulu au style "Studio Harcourt". Le grain est lissé, moins vulgaire que celui de la photo couleur, faisant passer ce cliché de la catégorie "reportage people" à celle de photo d'art . Les hommes qui ont aujourd'hui l'âge d'Alain Delon au moment de la prise de ce portrait (trente ans ! oh ! comme mon fils ! ) vont-ils s'identifier à l'icône ? L' image est saturée de références en tout cas, ce qui devrait bien fonctionner dans ce créneau publicitaire.

Un retour aux valeurs sûres ?

Cette démarche mériterait la comparaison avec la campagne publicitaire pour Vuitton. Je suis tentée de le faire dans un prochain post.
Delon succède à la série des pulls noir à cols roulés relevés respectivement par : Corto Maltese, Zinedine Zidane, et notre Johnny national. Les campagnes publicitaires pour l'Eau Sauvage se sont toujours appuyées sur de mâles figures mythiques ?
Que font ces hommes ? Col relevé pour se dissimuler ? Col, on le devine, imprégné de leur eau de toilette préférée entre toutes. Besoin de sentir cette odeur pour se rassurer avant de séduire ? Envie de réactiver le bonheur de porter cette eau en la retrouvant imprimée dans la laine d'un pull en cashmere ? Geste ambigu, certainement féminin qui invite à partager cette senteur.

Avant de faire appel aux égéries modernes et mythiques. Les campagnes publicitaires avaient opté pour le dessin. René Gruau, dessinateur affichiste pour la Maison Dior a imaginé "l'Homme Eau Sauvage". Chez Dior, on le baptisa vite : Anatole .



1966
L'homme est craquant, surpris dans l'intimité de sa salle de bain. Mûles, peignoir en éponge et mollets à la virile pilosité. Anatole importe l'Eau Sauvage dans un univers très domestique et intime.


1971

My God ! Anatole a troqué son peignoir de bain contre une peau de bête. L'effet Eau Sauvage , sans doute... Et puis, toujours dans l'intimité de sa salle de bain, il nous révèle un peu plus de ses viriles jambes. So sexy ?
1975
Cette fois, je suis dans une position très scabreuse ! Serais-je une voyeuse ? Anatole est complètement nu, il se rase et a laissé entrouverte la porte de la salle de bain... Une invitation ?

1979
Et oui, l'Eau sauvage est une fragance précieuse et ambigüe qui se partage dans l'intimité d'un homme et d'une femme lovés l'un contre l'autre... Une histoire de parfums intimes entremêlés... Mmmmh !



1981
Anatole montre enfin son visage. Il est nu, il est beau et appétissant...Quelles fesses !

Décidément, parmi tous ces hommes "Dior", j'ai un petit faible pour Anatole, parce que sa salle de bain n'est jamais très loin de celle d'une femme, donc de la mienne.

Avec Anatole le message publicitaire passe par les femmes !

jeudi 18 juin 2009

Les vraies femmes sont de retour ?

Je viens de découvrir cette vidéo. Bon, ça fait deux de suite, mais celle-ci délivre un message important... Regardez




Il s'agit de Milow et le titre est Ayo technology

Le message est le suivant :
Ces filles ont des hanches, des culs, des seins... rassurant, non ?

mercredi 17 juin 2009

Le soleil est rare et le bonheur aussi

Un extrait de Melody Nelson (album sorti en 1971) où l'on croise les montres molles de Salvador Dali...

Art Spiegelman : un auteur devant son histoire

A l'occasion de la sortie en France des "Toon Books" une collection de bandes dessinées bilingues pour enfants, mais aussi parce qu'il expose actuellement avec sa femme Françoise Mouly à la Galerie Martel à Paris, j'aimerais vous parler d'Art Spiegelman et plus particulièrement de "Maus".

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Fils de juifs polonais, Art publie en 1986 la bande dessinée :"Maus, un survivant raconte", appelée pour le tome 1 : "Mon père saigne l'Histoire". Cet album est en fait une collection de planches publiées dans la revue américaine "Raw" depuis 1980. Spiegelman a choisi, à travers son oeuvre, de faire témoigner son père qui raconte la vie de sa famille pendant la Seconde Guerre Mondiale. C'est un récit d'autant plus poignant que l'auteur a pris une distance avec les personnages en leur donnant une apparence animale.




La fin de cette histoire paraît en 1991 :"Maus, et c'est là que mes ennuis ont commencé".





Ce récit lancinant pose avec acuité le statut de l'auteur devant son histoire. Les dessins d'Art Spiegelman en témoignent avec force.






Il a reçu le prix Pulitzer pour "Maus", en 1992.
"Maus" est publié en Français aux éditions Casterman

vendredi 12 juin 2009

Codex, Decodex, Tricodex

La danse contemporaine est un vecteur de création pour les couturiers.

Mon petit penchant pour la danse me souffle aujourd'hui de vous parler de Philippe Decouflé, et du couturier Philippe Guillotel dans : "Codex, Decodex, Tricodex !" (1987).
Lorsqu’un chorégraphe contemporain rencontre un livre sorti de l’inconscient farfelu d’un artiste italien, cela donne au final, trois magnifiques pièces étincelantes : Codex, Decodex et Tricodex. Philippe Decouflé s'est inspiré du Codex Seraphinianus, une encyclopédie imaginaire de Luigi Serafini.
Guillotel va s'emparer de ces formes singulières et tester de nouveaux matériaux comme le lycra, le latex et la mousse pour créer les costumes.




Les illustrations originales du codex de Serafini renvoient à un monde inconnu, un monde peuplé de monstres merveilleux, où les squelettes côtoient des hommes sans visage, où des insectes improbables se perdent dans des fleurs imaginaires et où les légumes cachent des allumettes.



Le "Codex Seraphinianus" n’est rédigé en aucune langue connue. Quelques mots de français se perdent dans les planches de cette encyclopédie surréaliste.




Dans ce livre écrit vers la fin des années soixante-dix et publié en 1981, l'auteur présente un monde surnaturel et codifié où s’entrecroisent animaux mystiques, plantes imaginaires, insectes étranges, équations mathématiques, machines volantes et labyrinthes


En 1986, nait une collaboration entre Decouflé, chorégraphe débutant et Philippe Guillotel qui se qualifait alors de "couturier d'appartement". Le monde la danse va lui permettre de rayonner ensuite.




Codex est monté en 1987, Decodex en 1995, puis vint Tricodex en 2004.
Voici un extrait de Codex, quatrième tableau.
Beaucoup d'humour...



Philippe Decouflé - Codex-04
envoyé par lilotink. - Futurs lauréats du Sundance.

Le P'tit bal perdu

Quand Bourvil croise le chemin de Découflé !
Et puis, parce que j'ai vu ce clip sur grand écran l'an dernier à Dieppe. Parce que je suis tombée sous le charme du décalage impitoyable et l' impertinence de celui-ci....


samedi 6 juin 2009

Sous le soleil exactement

Je voulais tout d'abord vous offrir la version d'Anna Karina, et puis, j'ai revisionné celle de Serge Gainsbourg : Souveraine !
Y'a pas photo. Dans ce clip, j'aime sa tronche qui commence à être ravagée, ses poches sous les yeux... Un homme, un vrai, quoi ! Et j'aime.
Cette chanson m'est emblématique, moi qui ai fricoté avec les navigateurs dieppois du XVIème siècle, leurs errances, leurs naufrages.
Ceux qui n'ont pas compris leur actualité, à l'ombre des Airbus qui disparaissent mystérieusement dans l'Atlantique, quitteront cet article sans remord... tant pis pour eux !

Serge Gainsbourg, 1970

jeudi 4 juin 2009

Je suis au milieu, peignant


Gustave Courbet : L'atelier du peintre. 1855. Huile sur toile 361cm x 598cm. Musée d'Orsay. Paris
« C’est le monde qui vient se faire peindre chez moi »
Certes, il est au milieu de la scène, notre Gustave, en train de travailler à la représentation d' un paysage de sa Franche Comté natale. Dans la surface de la toile viennent s'inclure deux figures : à droite le modèle nu : est-elle là pour animer le paysage à la manière d'une scène de genre qui sera prisée des Impressionnistes après le Second Empire ? A gauche, un petit paysan admirant le maître un tantinet orgueilleux dans sa pose.
C'est que dans cette oeuvre, il y a un "à droite" et un "à gauche". On le voit nettement. A droite, figurent les "gens bien"aux yeux de l'artiste : couple de bourgeois amateurs d'art en visite, artistes ou critiques (Champfleury), musiciens philosophe (Proudhon ) et même Baudelaire lisant, sur le côté. A gauche, un autre monde plus incertain et inquiétant : la misère, la pauvreté, une société "border-line" dirait-on aujourd'hui. Un Hercule de foire, une irlandaise allaitant, "un curé d'une figure triomphante", un "juif portant sa cassette", ( concession à un orientaliste mal digéré, le turban ? antisémitisme, la cassette ?) comme l'a précisé lui-même l'artiste.
A droite, la lumière, les élus de l'artiste. A gauche la pénombre : les exploités, les exploiteurs, ceux qui font leur richesse sur la mort des autres, un monde trouble.
Moralisateur, Courbet ? Un petit air de Jugement Dernier en tout cas.
A propos de ce tableau de grande dimension, Courbet avait dit lui-même dans une lettre adressée à Champfleury, le critique :
« Vous comprendrez comme vous pourrez. Les gens qui veulent juger auront de l’ouvrage, ils s’en tireront comme ils pourront. Pourquoi cette difficulté ? Elle tient essentiellement à deux choses : d’une part, le tableau prend une tout autre dimension dès lors que l’on y perçoit non point tant des types que des portraits ; d’autre part, L’Atelier a un sous-titre singulier – Allégorie réelle déterminant une phase de sept années de ma vie artistique –, mêlant deux termes en apparence antinomiques : Allégorie / Réalité. »
Toute la problématique du thème ressassé "ad nauséam" du peintre et du modèle dans son atelier, évidemment.

mardi 2 juin 2009

Ultra-moderne solitude

Trouvée chez un voisin de blog, cette vidéo me touche... Paroles, visuel, ambiance "pop" de mon adolescence... Et les paroles !!!
La petite madeleine dans le thé des années soixante est passée sans encombres au XXI ème siècle... Même pas mal ! ...Au contraire !

lundi 1 juin 2009

La nature reposée

Parce que je les aime toutes les deux :

Deux oeuvres, deux "natures mortes".
Ce terme apparaît dans la peinture en 1756.


Auparavant on parlait de "still-leven " aux Pays-Bas (still = immobile/ leven = nature), qui donne "stillleben " en Allemagne ou encore "still-life " dans les pays anglo-saxons. En Espagne, on parle de "floreros y bodegones " c'est-à-dire fleurs et coins de cuisine. En France, on employait "nature reposée ", "vie coye " ou " nature inanimée ".
J'aime ces termes malheureusement disparus, beaucoup plus apaisants et sereins que le pessimisme et la noirceur de l'expression moderne "nature morte" . Car celles-ci nous invitent à une interprétation philosophique selon leurs représentations. Une leçon de vie, justement.





Le Caravage : Corbeille de fruits, 1599. Huile sur toile. Milan, Bibliothèque Ambrosienne.

Une composition élaborée dans le style baroque.

Derrière l'apparente harmonie, le vers est dans le fruit... Une première invitation à la méditation.

Francisco de Zurbaran : Plat avec citrons, panier d'oranges et tasse à la rose. Vers 1633. Norton Simon Foundation, Los Angeles.


Sobriété de la composition. Une symétrie recherchée. Une autre invitation à la méditation.

Deux grands peintres, deux conceptions latines de la nature morte.